PORTRAIT N°3 : Hélène Bolliot

 #monprojetpourlafilierebois

Ces dernières semaines, je suis partie à la rencontre d’hommes et de femmes engagés et investis professionnellement au sein du secteur forêt-bois, dans des projets tous différents tant sur le format, le statut juridique que leurs objectifs… mais partageant aussi une même ambition : celle d’apporter des solutions concrètes à une problématique identifiée de la filière. Les prochains articles de ce blog seront donc consacrés à ces échanges. Partons ensemble à la découverte de ces nombreuses initiatives et des personnes qui les portent. Nous découvrirons par quelles étapes ils et elles sont passés, leurs difficultés, leur succès, leurs conseils, etc… 

Hélène Bolliot
Les Petits Forestiers

Helene bolliot

Hélène est ingénieur agronome spécialisée en foresterie, elle a fondé Wood’Up, bureau d’études et d’expertise forestière lors de sa dernière année d’études à l’école forestière de Nancy (AgroParisTech ex-ENGREF).

Depuis 2019, elle développe le programme Les Petits Forestiers pour sensibiliser les enfants à la forêt.

logo les petis forestiers

Pouvez-vous me présenter votre projet et en quoi il apporte une réponse concrète à une des problématiques de la filière forêt-bois ?

J’ai toujours été attirée par l’entrepreneuriat : à l’école je participais à la Junior entreprise, puis j’ai réalisé une césure en entrepreneuriat. J’ai su très tôt que je voulais créer mon activité. Cette idée a rapidement été confortée par le fait que je ne me sentais pas tout à fait à ma place dans de plus grosses structures du monde forestier.
A la fin de mes études, j’ai donc créé Wood’Up Consulting pour apporter mon expertise sur des problématiques assez variées autour de l’arbre, la forêt et la filière bois.
Un des objectifs que je m’étais fixée, était notamment de créer du lien entre étudiants et monde de l’entreprise, c’est pourquoi les missions étaient réalisées grâce à des collaborations étroites avec des étudiants forestiers.
L’entreprise s’est développée, de nombreuses idées ont émergé… Je me suis rapidement rendu compte que les gens ont une certaine sensibilité à l’égard de la forêt. Dès que l’on en parle, ils sont passionnés, mais ils ne la connaissent pas, voire ils en sont même parfois très loin !

Je voyais beaucoup trop d’enfants, urbains, déconnectés de la nature,
vivant dans un monde où les écrans sont omniprésents.

Six mois après la création de Wood’Up, j’ai déménagé à Paris pour développer l’activité et je voyais beaucoup trop d’enfants, urbains, déconnectés de la nature, vivant dans un monde où les écrans sont omniprésents.

Face à ce constat, le concept des Petits Forestiers est finalement arrivé assez vite : je voulais sensibiliser les enfants à la forêt par des interventions en école et des coffrets d’activités.

image plaquette LPF

A quel stade du projet en êtes-vous ?

L’équipe s’est étoffée puisqu’un associé, Clément Lachaud, m’a rejoint pendant le confinement. Il y aussi deux alternants qui travaillent sur Les Petits Forestiers ainsi que deux partenaires extérieurs : une éco-graphiste pour les visuels et un développeur qui gère le site internet.

Aujourd’hui nous avons pré-vendu les premiers coffrets et l’accueil a été très bon.

Nous aimerions proposer un coffret par saison avec un fil conducteur : le lien entre l’homme et la forêt. Le but des coffrets est d’amener les enfants à se questionner : quel est l’impact de nos actions sur la forêt ?

les petits forestiers

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Il a fallu travailler sur des textes qui soient accessibles à des enfants de six ans !

La difficulté de l’exercice est de garder un point de vue objectif : avec Clément, nous sommes tous les deux forestiers, cela pourrait être facile d’avoir un point de vue biaisé par notre vision de professionnel. Il faut que le sujet soit abordable pour des enfants, sans le vider de son contenu.
Et puis, nous nous sommes rendu compte que le travail que nous menions avec Les Petits Forestiers comporte finalement beaucoup de marketing et de communication, et ce n’est pas notre métier !

Enfin, une des difficultés que nous rencontrons actuellement est que la première série des coffrets est en cours de production. Nous n’avons donc pas encore de photos pour les illustrer et les gens n’ont pas tout à fait saisi ce qu’ils contiennent…
Je pense que cela constitue un frein à l’achat pour beaucoup de personnes.

 » Nous nous sommes rendu compte que le travail que nous menions avec Les Petits Forestiers comporte finalement beaucoup de marketing et de communication, et ce n’est pas notre métier ! « 

A contrario, quelles étapes ont été les plus faciles ?

Ce qui est positif quand tu es jeune et que tu crées une entreprise, c’est que l’on te renvoie beaucoup d’enthousiasme et de motivation. Être passionnée par ton projet permet d’embarquer beaucoup de monde dans l’aventure, certains te suivent de plus ou moins loin… mais il arrive aussi de rencontrer des personnes qui vont jouer un rôle capital pour toi en te prenant sous leurs ailes pour te faire monter en compétence très rapidement. Cela a été mon cas avec un expert forestier et j’en suis très reconnaissante !

Je n’ai pas particulièrement senti de difficulté à être une femme, mais j’ai dû faire mes preuves comme tout jeune qui se lance !

Comment s’est passée la période du montage financier ?

J’ai lancé une première campagne de crowdfunding en janvier/février 2019 qui s’est faite un peu par hasard lors du Pitch Pitch Women Tour, organisé par ULULE. J’ai eu, en tout, une semaine pour monter la campagne à Lille. Le projet a été financé à plus de 200 % (sur un budget initial de 2000 €). Cette première campagne m’a surtout permis de commencer à faire connaître Les Petits Forestiers.

La seconde campagne de crowdfunding qui vient de se terminer mi-janvier 2021 a permis la précommande d’une cinquantaine de coffrets qui vont être livrés en mars. Malheureusement elle n’a pas été lancée au bon moment par rapport à Noël puisque les coffrets n’étaient pas encore disponibles.

En revanche, je ne cherche pas particulièrement d’investisseurs extérieurs car je tiens à rester maître du contenu des coffrets, et ce dans un souci d’objectivité. Et puis je pense que le projet doit fonctionner parce qu’il y aura des clients. Sinon c’est que quelque chose ne va pas et qu’il faut améliorer le concept.

coffret LPF

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur le projet, sur votre méthode de travail, votre organisation…?

La crise a eu un impact positif : j’ai quitté Paris avant le confinement en janvier 2020, pour repartir en Picardie. J’ai senti ce moment comme une bouffée d’air et une page qui se tourne. C’est à ce même moment que j’ai trouvé mon associé en mai 2020, Clément qui est basé à Nancy.
On s’est tout de suite organisés en distanciel, et cela fonctionnait plutôt bien.

L’arrivée des deux alternants (un à Bordeaux et un à Amiens) s’est ensuite naturellement faite à distance, tout comme le travail avec les prestataires extérieurs, situés à Paris et en Suisse.

Cependant, c’est évident que pour les interventions en classe, la crise sanitaire ne facilite pas les choses.

Comment arrivez-vous à maintenir un équilibre pro/perso ?

Quand j’ai monté Wood’Up je travaillais 110 heures par semaine… je n’ai pas pris de vacances pendant 5 ans !

Aujourd’hui je prends plus de recul sur mon activité professionnelle. Mon associé et moi travaillons beaucoup, c’est sûr, mais j’essaie de maintenir un équilibre pour pouvoir tenir sur long terme et surtout ne pas me lasser de mon travail.

Par contre, je suis très vigilante dans mon management. Je ne veux pas que les alternants qui travaillent avec nous fassent plus d’heures que prévues, même si parfois ce sont eux qui sont pleins d’enthousiasme et veulent travailler encore plus !

Qu’avez-vous mis en place pour communiquer ? Est-ce que cela fonctionne bien ?

Les Petits Forestiers s’est doté d’un site marchand et de comptes sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram et Linkedin.
Sur Linkedin je trouve que j’ai une bonne visibilité.

Sur Facebook nous avons tenté de faire les choses comme il se doit, avec un planning éditorial prévoyant des publications presque quotidiennes, etc… mais c’est difficile de tenir sur le long terme.

 » Le communicant n’est pas forestier… »

J’ai déjà travaillé les aspects communication, avec des stagiaires par exemple, mais le problème c’est que le communicant n’est pas forestier : il faut le former pour qu’il n’écrive pas d’erreurs… et tout ça prend du temps ! Et aujourd’hui ce qu’il nous manque cruellement, c’est justement du temps !

site les petits forestiers

Capture d’écran du site des Petits forestiers : https://lespetitsforestiers.fr/

Si vous aviez une baguette magique, et que vous pourriez avoir tout ce que vous souhaitez pour votre activité d’ici un an, que demanderiez-vous ?

Si j’avais une baguette magique j’aimerais m’entourer de plus de personnes. Cela permettrait de diversifier les spécialités et les compétences au sein de l’équipe de travail. Aujourd’hui c’est clair que nous ne sommes pas assez nombreux, il y a tellement d’activité, on pourrait être dix à travailler !

Que diriez-vous/quel conseil à quelqu’un qui a envie de monter un projet dans la filière forêt-bois ?

Je lui conseillerais avant tout, d’aller confronter ses idées à ce qui se passe concrètement en forêt. Il faut aller à la rencontre des acteurs de terrain et comparer sa vision à la réalité de l’activité forestière.

L’ histoire d’Hélène vous a plu et vous souhaitez rentrer en contact avec elle ?
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